dimanche 16 décembre 2012

Rôle des milieux relayeurs

Bonjour,

Après les défenseurs latéraux, les défenseurs latéraux et les milieux défensifs, c'est au tour des milieux relayeurs (Anciennement offensif).

Ils s’appellent Steven Gerrard, Xavi, Andres Iniesta, Michael Essien ou encore Daniele De Rossi... et font partie de cette catégorie de joueurs assez mal définie et de plus en plus importante que l’on appelle les milieux relayeurs.

Autrefois dans l’ombre des géniaux «numéros 10», des ailiers fantastiques ou des buteurs impitoyables, ils sont aujourd’hui reconnus à leur juste valeur et sont bien souvent devenus les stars de leur équipe.


CONTEXTE
A l’époque actuelle où la vitesse du jeu s’accélère et que la philosophie «offensive» du football a repris la main, il est demandé une plus grande polyvalence aux joueurs , ce qui a amené des modifications et une évolution des profils des joueurs actuels.

Ainsi, par exemple, l’avant-centre «à l’ancienne», le renard des surfaces qui plante sa tente dans la surface adverse, se fait oublier en attendant les ballons à convertir en buts, n’existe quasiment plus.
David Trezeguet, Hernan Crespo, Pippo Inzaghi... sont les derniers représentants de cette catégorie, qui a du laisser la place aux attaquants plus complets.

Aujourd’hui, les attaquants, même les plus avancés, doivent être très mobiles, exercer le pressing sans relâche, décrocher parfois sur les ailes, participer à la construction du jeu... le tout en essayant de conserver une efficacité maximale dans la finition.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, les meilleurs avant-centres du monde se nomment Fernando Torres, Samuel Eto’o, Luis Fabiano, Diego Milito, David Villa ou Zlatan Ibrahimovic, voire Wayne Rooney (celui-ci évoluant souvent en pointe à Manchester United comme en sélection)

Il en va de même pour les défenseurs latéraux, qui se doivent de participer quasi-systématiquement aux offensives, de s’occuper de toute l’aile jusqu’à la ligne de but adverse, de savoir déborder/dribbler, de centrer... tout en continuant à «tenir» du mieux possible leur couloir.

Le latéral type «Paolo Maldini», qui avait pour principale fonction de barricader son couloir et qui franchissait très peu la ligne médiane, a quasiment disparu de la circulation aujourd’hui.

La plupart des meilleurs latéraux actuellement sont d’ailleurs le plus souvent des ailiers ou milieux latéraux de formation, reconvertis par la suite défenseurs latéraux, mais qui gardent un très grand impact offensif (Maicon, Daniel Alves, Patrice Evra, José Bosingwa entre autres...)

Autre exemple, les ailiers et «quasi-ailiers" . Ces joueurs de couloir, type «Marc Overmars» scotchés à la ligne, feu-follets uniquement capables de dribbler et réticents aux tâches défensives , sont en grande difficulté à l’heure actuelle.

Les ailiers d’aujourd’hui doivent savoir couvrir leurs co-équipiers arrières-latéraux qui n’hésitent plus à se jeter vers l’avant, marquer leur défenseur qui n’hésite plus à monter non plus, et dézoné et «rentrer» pour surprendre les défenses adverses etpour se retrouver en situation de but. Des joueurs comme Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, Franck Ribéry, David Silva, Zhirkhov, Andres Iniesta, (quand il joue sur l’aile) voire Florent Malouda ou Simao Sabrosa sont aujourd’hui des références à leur poste.

... etc...

Le MILIEU RELAYEUR actuel est en quelque sorte la synthèse, le symbole de cette évolution. Au centre du jeu, il est l’homme à tout faire: ratisser, presser quand l’adversaire a le ballon, marquer son joueur lors des phases offensives adverses... mais aussi remonter le ballon quand celui-ci est récupéré, organiser le jeu quand son équipe tient la balle, ou encore se projeter vers l’avant lors des contres ou pour créer une faille dans le bloc adverse.

Le milieu-relayeur est donc une sorte de couteau suisse, outil indispensable aux grandes équipes actuelles.

UN TERME, DEUX PROFILS

Le terme «milieu relayeur» est aujourd’hui une sorte de fourre-tout où sont regroupés des joueurs aux qualités physiques et footballistiques parfois totalement différentes, un panel étendu de profils qui va des petits gabarit à la technique brillante (Xavi, Iniesta) aux colosses monstrueux athlétiquement (Essien, Momo Sissokho) en passant par les marathoniens (Raul Meireles, Frings, Lampard).

Si tous ces joueurs ont quelques caractéristiques communes (notamment un sens tactique très développé, une belle frappe, une bonne récupération de balle), il semble possible de scinder cette catégories des «relayeurs» en 2 sous-catégories:
  • les relayeurs-pistons
  • les relayeurs-créateurs

Les relayeurs-pistons
Joueur très fort physiquement, il possède une endurance énorme et une assez bonne pointe de vitesse. Il enchaîne tout au long du match les allers-retours sur toute la longueur du terrain.

En général très bon défensivement, il est un pion essentiel dans la récupération du ballon au milieu de terrain. D’ailleurs, la plupart de ces relayeurs-pistons sont capables de jouer occasionnellement à un poste de pur milieu-récupérateur.

C’est également un battant, très solide au duel, bon au pressing, mais pas toujours intraitable au marquage, étant donné son rayon d‘action très large.

Offensivement, son apport principal est de «créer du lien» dans l’équipe, relier la défense à l’attaque, porter le ballon, boucher le trou au milieu de terrain et «amener le ballon» jusqu’à l’organisateur du jeu.

Il a également pour rôle important de parfois «décrocher vers l’avant», se projeter rapidement sur la défense adverse ou dans l’espace, pour créer un surnombre et/ou un décalage. Autre atout, il dispose en général d’une frappe très puissante.

C’est ainsi que bien souvent, ces relayeurs-pistons se retrouvent dans des positions offensives très dangereuses, avec un joli nombre de buts ou d’actions décisives à la clé.

Le relayeur piston est donc le «poumon» de l’équipe.
Exemples-types de relayeurs-pistons: Mickael Essien, Mohammed Sissokho, Vieira (jusqu’à 2006), Maniche, Raul Meireles, Ramires, Frings, Ireland, Ambrosini, Muntari, Barry, Fletcher, Benoît Cheyrou...

Les relayeurs-créateurs
Ce joueur est en quelque sorte l’héritier du «numéro 10», il est aujourd’hui le principal organisateur du jeu de l’équipe.

Physiquement moins bien fourni que le relayeur-piston, il compense par une technique supérieure et une meilleure vista. S’il court moins que le relayeur-piston, c’est le ballon qu’il fait courir plus et plus vite.

Son rôle principal est de donner le tempo à son équipe, de jouer le métronome. Sa vista et sa qualité de passe sont ses principaux atouts. Il est capable de délivrer des ballons de buts de plusieurs dizaines de mètres mais également de jouer intelligemment dans les tout petits espaces.

Il est souvent un bon tireur de coups de pieds arrêtés.

Défensivement, il est moins solide au duel que le relayeur-piston mais compense par un meilleur sens du placement et un meilleur marquage (dû au fait qu’il joue dans une zone plus restreinte), ce qui lui permet d’intercepter les ballons, de couper les trajectoires.

Il remplit également la fonction essentielle de «rampe de lancement», celui qui reçoit le ballon et enclenche le mouvement offensif quand le ballon est récupéré.

Le relayeur créateur est donc le «cerveau» de l’équipe.

Exemples-types de relayeurs-créateurs: Xavi, Iniesta, Lampard, Deco (époque barcelonaise), Seedorf, Fabregas, Lucho Gonzalez, Scholes, Felipe Melo, Xabi Alonso, Montolivo, Borowski...

Les parfaits mélanges
Ces 2 catégories ne sont pas figées ni incompatibles. En effet, la plupart des relayeurs entrant dans une de ces catégories présentent néanmoins des caractéristiques de l’autre catégorie (exemples: Fletcher (piston) a aussi une bonne vista; Fabregas (créateur) se jette souvent vers l’avant)

Mais il existe certains joueurs qui possèdent TOUTES les caractéristiques à la fois des relayeurs-créateurs et des relayeurs-pistons, et qu‘il est très difficile de classer dans l‘une de ces catégories. Des joueurs rares et précieux comme Steven Gerrard, Esteban Cambiasso, Daniele De Rossi, Alberto Aquilani voire Frank Lampard ou Anderson.

LE RELAYEUR, DESTRUCTEUR D’AUTRES POSTES?

L’apogée de ces «joueurs à tout faire» pose la question de la disparition de certains profils de joueurs.

Coup de grâce au numéro 10?
Le meneur de jeu, le mythique «n°10» est en phase d’extinction depuis plusieurs années. Zidane et Rui Costa sont partis en retraite il y a quelques saisons, RiquelmeAimar et Deco les rejoindront bientôt. Quant à la relève, elle se compte sur les doigts d’une main: GourcuffMullerDiegoSneijder... et peut-être quelques autres.

L’hyper-polyvalence du relayeur-créateur met à mal le meneur de jeu.

Le meneur de jeu, s’il est souvent un joueur techniquement très supérieur et capable d’actions de génie, n’est pas en revanche réputé pour son implication dans les tâches défensives, ni pour sa capacité à s’adapter à différents schémas.

La formation dans la plupart des pays du monde s’applique aujourd’hui à former des joueurs complets dans tous les domaines.

De même, les quelques meneurs de jeu qui percent au haut niveau sont bien souvent «remodelés» par leurs entraîneurs lorsqu’ils rejoignent un plus grand club.

Ainsi, le Brésilien Anderson, fantastique meneur de jeu du FC Porto durant quelques mois en 2006/2007, a du redescendre d’un cran et devenir un milieu relayeur lorsqu’il a rejoint Manchester United.

Deco, n°10 de génie du FC Porto de José Mourinho, vainqueur de la LDC 2003/2004, a du évoluer dans son jeu et se transformer en relayeur pour pouvoir entrer dans le schéma de jeu du FC Barcelona

Quant à Yoann Gourcuff, la question de son repositionnement en relayeur-créateur, notamment en Equipe de France, fait débat. Le jeune Français est pour l’instant indétrônable à ce poste chez les Girondins de Bordeaux, bien qu’il ait déjà jouer un cran plus bas cette saison. Mais il est difficile de voir chez quelle grosse écurie européenne le Breton pourrait s’installer, à un même poste de meneur de jeu.

Le milieu relayeur-créateur est donc le fossoyeur du meneur de jeu

Le «6», prochaine espèce en voie d’extinction?
Le poste de milieu défensif pourrait également être menacé à plus long terme.

Même cause, même effet que pour le meneur de jeu: le milieu défensif «bête et méchant» n’est plus assez complet et polyvalent.

Désormais, il est demandé au milieu défensif non seulement de faire le ménage devant la défense, mais aussi de relancer proprement, de participer à la construction du jeu et de porter le danger vers l’avant.

Les milieux défensifs «purs», guerriers à la technique rudimentaire, sont aujourd’hui pointés du doigt, même les plus efficaces d’entre eux (Toulalan, Gattuso, Van Bommel...).
Et comme pour cela est le cas pour les meneurs de jeu, les jeunes milieux défensifs purs évoluent aujourd’hui pour se transformer en relayeurs.

Ainsi, Lassana Diarra passe petit à petit du statut de «Nouveau Makélélé» à celui de «Nouveau Vieira».

Aujourd’hui, bon nombre d’équipes, et pas des moindres jouent sans véritable n°6.

Manchester United, par exemple, compte parmi ses milieux centraux Anderson, Scholes, Carrick, Fletcher... aucun de ces joueurs ne correspond au profil de n°6, mais ce sont tous des relayeurs de grand talent.

De même, le FC Barcelona joue avec Yaya Touré seul devant sa défense. Or l’Ivoirien est un milieu offensif de formation, reconverti pour les besoins de son club, mais qui conserve un fort impact offensif et participe activement à la construction du jeu.

La Juventus Turin joue à l’heure actuelle le plus souvent avec un double pivot devant sa défense Felipe Melo - Poulsen ou Marchisio (Sissokho étant blessé depuis plusieurs semaines). Mais aucun de ces joueurs n’est un véritable n°6, comme pouvaient l’être, à la grande époque du Calcio, les imbuvables Didier Deschamps, Antonio Conte ou Alessandro Tacchinardi.

Ainsi, de même que le milieu relayeur-créateur enterre le n°10, le relayeur-piston pourrait à terme devenir le fossoyeur du n°6.

BILAN
Le milieu relayeur devient de plus en plus l’élément-clé de l’équipe. De leurs performances dépendent grandement la solidité, la qualité de jeu et l’animation offensive de l’équipe.

Aucune grande équipe ne peut aujourd’hui se permettre de ne pas disposer de relayeurs de qualité dans son effectif...



Stéphane Marie
Entraîneur
Sélection régionale masculine Capitale Nationale 2013
srq00m@gmai

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